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05 janvier 2017

MANCHESTER

SEA

BY

THE

De Kenneth Lonergan   Drame   2h18

Après avoir assisté à la destruction de sa carrière par le système hollywoodien, Kenneth Lonergan revient en force avec son nouveau film Manchester by the Sea, acclamé au Sundance Festival 2016. A tort ou à raison ?

 

Manchester by the Sea signe le grand retour d’un cinéaste qui ne semble pas avoir dit son dernier mot. Malgré un conflit qui a failli lui coûter sa carrière cinématographique en 2001 après la sortie confidentielle d’une version mutilée de son film Margaret, Kenneth Lonergan retrouve sa place derrière la caméra.

 

Pour son troisième film en 16 ans, il a choisi de faire confiance à Matt Damon, à l’origine du scénario de Manchester by the Sea dont l’idée lui avait été soufflée par John Krasinski (acteur dans The Office). Tenu par trop d’engagements, l'acteur a décidé de laisser sa place à la réalisation, ainsi que son rôle dans le film, qu’il a proposé à son ami d’enfance Casey Affleck.

Le long-métrage raconte l’histoire de Lee Chandler, un quadragénaire exerçant le métier d’homme à tout faire dans la banlieue de Boston, qui se voit confier la garde de son neveu de 16 ans (le formidable Lucas Hedges) à la mort de son frère (Kyle Chandler). Afin de s’occuper de l’adolescent, Lee n’a d’autre choix que de se rendre à Manchester, son village natal. Confronté à un passé douloureux qui l’a éloigné des siens et notamment de sa femme (Michelle Williams), il tente tant bien que mal de garder la tête hors de l’eau.   

 

On ne saura jamais si Matt Damon aurait marqué les esprits avec ce qu’il considère comme « l’un des plus beaux rôles jamais écrits pour un acteur Â», mais ce qui est certain c’est qu’il a fait le bon choix en choisissant Casey Affleck. Celui-ci, qui semble avoir été taillé pour le rôle, livre une très belle performance, toute en retenue. Son personnage, un homme froid et antipathique au premier abord, révèle petit à petit des failles aussi profondes que des crevasses de montagne. A la moitié du film, le voile est levé et on découvre un être brisé par la vie, à qui l’on pardonne soudainement tout.

 

Les flashbacks, utilisés pour révéler par brides le passé tragique de Lee, gênent parfois la lecture du film. Mais cette temporalité éclatée confère toutefois à l’histoire une part de mystère entre chaque changement d’espace-temps. Malheureusement, l’introduction des personnages est longue, et le film peine à se mettre en route. Ensuite, lorsque l’intrigue est en place, les longueurs restent mais ne dérangent pas, car c’est beau. Malgré quelques moments de flottement, on se laisse emporter dans un torrent émotionnel déchirant. Le scénario bouleverse par son aspect très mélodramatique mais son traitement ne tombe jamais dans le pathos. Le rendu est sobre : poignant mais sans émotion facile.

 

Kenneth Lonergan signe ici un film Ã  la fois glacial et plein de chaleur, à la lumière naturelle des paysages côtiers de la Nouvelle Angleterre. De l’hiver au printemps, comme une métaphore du changement émotionnel de Lee, les couleurs froides du bord de mer accompagnent le développement des personnages, jusqu’à un final empreint d’une jolie lueur d’espoir.

 

Ce drame social à la fois lent et rythmé, sombre et lumineux, est déjà annoncé comme grand favori aux Oscars.

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