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30 janvier 2016

Maalouf dans l'ombre de Davis

  Wind, le quatrième album d’Ibrahim Maalouf, nous raconte une véritable histoire. Les noms et les atmosphères des morceaux font évoluer l’intrigue, du doute à la surprise en passant par l’attente et le questionnement. Mais le ressenti est à l’image de l’hétérogénéité musicale de l’album : tiède.  Entre morceaux mélancoliques aux douces mélodies qui dévoilent des vents tout en retenue, et compositions à l’atmosphère pesante qui superposent dissonances et accords mineurs furieusement plaqués, Wind s’éparpille et peine à trouver un équilibre. Les personnages de l’histoire se donnent la réplique mais sans jamais vraiment se préoccuper les uns des autres. Le saxophone s’essouffle, le piano s’emballe puis la trompette à quarts de ton, héroïne de l’histoire, reprend ses droits. Elle nous parle, gémit, nous chuchote à l’oreille. Sur le devant de la scène, elle semble parfois hésitante, comme si elle n’était pas tout à fait à sa place dans cet univers inspiré d’un des plus grands noms du jazz classique. En hommage à Miles Davis, Ibrahim Maalouf innove. Les univers se mélangent, les sonorités s’allient mais les styles se confondent. Comme un méli-mélo d’influences en manque d’identité et d’unité. Pourtant, une identité musicale, Ibrahim Maalouf en a bien une. Sa trompette à quarts de ton reste son meilleur atout pour raconter ses histoires orientales. Mais à trop vouloir faire du Miles Davis, Ibrahim Maalouf en oublie de faire du Maalouf. Il en oublie le style qui lui est propre, cette patte si singulière qui le distingue et fait de lui un musicien unique et inimitable.

Chronique réalisée dans le cadre d'un cours intitulé

"Pratiques actuelles du journalisme musical"

Jazz   12 titres

WIND

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