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14 février 2016

Source : L'Union

TOTO Ã  Epernay

   04 février 2016, Epernay. Fin fond de la campagne champenoise. Un parc des expositions imposant implanté dans une ville de campagne au charme incontestable mais à la renommée discutable. Et un groupe de rock californien connu de tous mais souvent oublié ou cru dissous. Car malgré la conscience collective, non les membres de Toto ne sont pas tous morts, et oui ils continuent à se produire. Pour combien de temps encore, il me serait difficile de le dire mais ils sont toujours là, aussi pimpants et dynamiques qu’à leurs débuts. Le groupe finit sa tournée française par le Millésium d’Epernay, où ceux qui n’auraient pas été assez rapides dans d’autres villes se voient accorder une deuxième chance d’apercevoir le groupe mythique de leur adolescence. Dans le hall vitré du bâtiment, les spectateurs se pressent vers le bar de l’entrée. Les mains se serrent, des attroupements se forment. De vieux amis se retrouvent autour d’une bière en attendant l’heure du spectacle. Une fois dans la salle, l’espace me semble infiniment plus vaste. Devant les gradins, des rangées de chaises en plastique font face à la scène mais les deux ailes latérales de la salle sont inoccupées. Je me faufile dans la foule et tente de trouver la place qui m’a été attitrée. C’est amusant, je sens sur mon passage les regards interrogateurs des spectateurs qui se demandent ce qu’une petite jeune vient faire à un concert de Toto. Comme si cette musique appartenait à un passé nostalgique  dont il était impensable que les jeunes qui ne l’ont pas connu aient conscience. Autour de moi, des couples de cinquantenaires discutent ou se bécotent comme des ados.

 

   A vingt heures pétantes, l’artiste qui occupe la première partie du concert entre en scène. Accompagnée de sa guitare folk, Pascale Picard entame quelques morceaux en acoustique et nous enchante avec ses paroles délurées et ses mélodies pop. Elle joue de son accent québécois pour nous faire rire mais la salle ne semble pas conquise.  A cette première partie se succède un temps de latence qui permet à Toto, si ça n’était pas déjà le cas avant, de se faire désirer. Les conversations vont bon train mais l’impatience se fait rapidement ressentir dans les rangs. Etonnamment, tout semble réglé comme du papier à musique car précisément une demi-heure plus tard, le rideau de la scène s’assombrit et de violents flashs commencent à éblouir la salle. A peine le rideau tombe et les célèbres musiciens entament les premières notes de Running Out Of Time, que les spectateurs des premiers rangs se lèvent et s’avancent vers la scène. Il est vrai que l’aménagement de la salle ne se prête pas du tout à un concert de rock où l’on préfère souvent être debout pour pouvoir se balancer frénétiquement au son des guitares. Cependant, à mesure que les morceaux s’enchaînent et que l’ambiance sur scène devient de plus en plus électrique, à ma grande surprise la foule ne décolle pas. Les pieds restent cloués au sol, seuls quelques corps oscillent timidement au rythme de la musique. Il semblerait que les fantômes des fans de Toto aient perdu toute leur vigueur et leur dynamisme. Mais cela n’empêche en rien les musiciens de se donner à 100%. Steve Lukather enchaîne les riffs endiablés de guitare, David Paich se déchaîne sur son synthé tout en lançant quelques vannes et Joseph Williams ne cesse de vouloir entraîner le public avec lui en chantant les refrains entêtants de Rosanna ou Hold The Line. Le groupe alterne classiques incontournables et morceaux plus récents et chaque instrument à un moment donné se voit accorder sa minute de gloire. Au bout deux heures de concert, les musiciens s’éclipsent. Davantage motivés par la coutume que représente le rappel que par la frénésie inexistante du public, ils remontent sur scène pour finir sur le mythique Africa. Les lumières se rallument, les spectateurs se lèvent. Et je rentre chez moi, la tête pleine de mélodies et le cÅ“ur nostalgique d’une époque que je n’ai certes pas connue mais que j’affectionne comme si c’était la mienne.

Le Millésium   04 février 2016

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